Petit ensemble funéraire du haut Moyen-Âge à Saulxures-les-Nancy : Premiers résultats

Publié le 02/03/2018
La société Antea-Archéologie est intervenue en amont de la construction d’un complexe immobilier sur la commune de Saulxures-les-Nancy (« Rue des Jardins Fleuris »), entre le 2 octobre et le 30 novembre 2017.

(Fig. 2 Vue générale du groupe de sépultures en cours de fouille)

Présentation de l’ensemble funéraire

La société Antea-Archéologie est intervenue en amont de la construction d’un complexe immobilier sur la commune de Saulxures-les-Nancy (« Rue des Jardins Fleuris »), entre le 2 octobre et le 30 novembre 2017.

La fouille des 8900 m² prescrits a permis de mettre au jour des structures domestiques du haut Moyen-Âge, associées à un petit ensemble funéraire. L’étude de ce site est actuellement encore en cours mais nous vous en proposons les premiers résultats scientifiques, concernant notamment les sépultures : en tout, 13 tombes ont été découvertes lors des opérations de diagnostic puis de fouille Document PDFPlan du site.

Neuf d’entre elles, datées entre la fin du VIe siècle et le début du VIIIe siècle, sont regroupées et s’inscrivent dans un réseau de fossés encore non datés pour le moment (fig.2).

Une sépulture est légèrement excentrée du regroupement mais se trouve néanmoins au sein de ce réseau fossoyé. La plupart des tombes est orientée selon un axe NE-SO, ce qui est classique pour la période. Trois d’entre elles sont orientées selon un axe quasiment N-S ce qui, bien que parfois observé, est plus atypique. Toutes les sépultures ont été installées parallèlement aux fossés (tronçon NO-SE et tronçons NE-SO). On note en outre la présence d’un petit bâtiment sur poteaux, apparu au même niveau que le groupe de sépultures et dont les côtés sont également parallèles à l’axe des fossés et des sépultures, ce qui pourrait confirmer la relation étroite entre tous ces faits archéologiques. L’étude du mobilier et les datations radiocarbones (C14) à venir devront confirmer si toutes ces structures sont contemporaines et fonctionnent ensemble ou non. Ce petit ensemble funéraire accueille des sujets adultes masculins et féminins, ainsi que de très jeunes enfants. Ces derniers, au nombre de 4, présentent tous des indices de pathologies infectieuses. Les défunts sont inhumés probablement habillés pour la plupart, dans des contenants en bois à l’intérieur desquels le mobilier funéraire est déposé (fig.3).

(Fig. 3 Exemples d’objets découverts dans les sépultures)

On notera dans une sépulture double d’immatures la présence de deux fibules discoïdes portées par le même sujet, l’une de type monétiforme en alliage cuivreux et fer, l’autre à umbo central en or présentant des verroteries monté sur une base en alliage cuivreux (fig.4).

(Fig. 4 Détail des fibules de la sépulture 18)

Le reste du site n’a livré que très peu de mobilier, ce qui rend sa caractérisation complexe, mais il est probable que nous soyons en présence de structures domestiques. Si la contemporanéité de toutes ces structures se confirme, le site de Saulxures constituerait l’un des rares exemples d’aire funéraire associée à une aire d’habitat en Lorraine. Son intérêt réside également dans l’organisation de l’ensemble, apparemment clos et matérialisé dans l’espace par ces fossés.

À ce petit ensemble s’ajoutent trois sépultures isolées et n’ayant pas livré de mobilier (fig.5).

(Fig. 5 Exemple de sépulture isolée : St. 184)

Elles ne sont donc pas encore datées mais le seront prochainement par C14. Ces trois sépultures diffèrent légèrement des précédentes en raison de l’absence de mobilier d’une part et de la taille des fosses d’autre part, puisque les défunts sont déposés dans des fosses étroites dans des contenants très ajustés. Ces sépultures sont peut-être un peu plus tardives que les précédentes, ce qui devra être confirmé après les résultats des datations C14.

Toutes ces premières hypothèses devront être confirmées au fil de l’étude et des analyses…

FOCUS – Un cas de traumatisme crânien par objet tranchant : rixe ou accident ?

La sépulture 17 appartient au petit espace funéraire du VI-VIIe siècle (fig.3). Elle a livré les restes d’un sujet adulte masculin inhumé habillé, un couteau suspendu à la ceinture dans un contenant en bois. Cet individu présente un certain nombre de symptômes pouvant évoquer un mode vie difficile : arthrose vertébrale sévère, enthésopathies au niveau des os long des membres, pathologies traumatiques.

Ont ainsi pu être mis en évidence une fracture mal réduite du 4e métacarpien gauche, une fracture mal réduite touchant 2 côtes et un traumatisme touchant le crâne (fig.6).

(Fig. 6 Détails du traumatisme crânien du sujet de la sépulture 17)

Ce dernier, causé par un objet tranchant, a impacté la voute crânienne au niveau de la jonction frontal/pariétal sur le côté droit. L’impact, dirigé de haut en bas, a décollé la table externe, ne traversant l’épaisseur du crâne qu’au point d’entrée. La partie décollée est repositionnée à sa place et la totalité de la blessure est cicatrisée, ce qui indique que le sujet n’est pas décédé immédiatement après le traumatisme. Bien qu’il ne faille pas exclure la possibilité d’un traumatisme accidentel, la probabilité d’un geste anthropique intentionnel est à privilégier. Les séquelles d’une telle blessure sont difficiles à mesurer, mais le fait que l’arme utilisée ait traversé le crâne suggère une atteinte au minimum des couches externes protégeant le cerveau (dure-mère) et peut laisser suggérer des conséquences neurologiques.


[1] Projet réalisé par Nexity Foncier Conseil