Le village de Wittenheim est localisé dans la plaine de l’Ill, sur sa rive gauche, à environ 7 km au nord de Mulhouse. La zone concernée par la fouille se trouve à 200 m à l’est de l’emplacement de l’église médiévale détruite et à une cinquantaine de mètre au nord de la motte castrale. Le site a été décapé sur environ 3 800 m2.
La problématique principale de la fouille de ce site était de mieux appréhender le développement de l’habitat médiéval aux abords quasi immédiats du pôle attractif que représente la motte castrale, datée du XIVe siècle par les sources écrites.
Cette fouille a permis de mettre en évidence une occupation diachronique du site. Celui-ci est occupé dès le Néolithique ancien. Il connaît son développement maximal au haut Moyen-Âge. Une occupation moins dense à l’époque romaine ainsi qu’au Moyen-Âge central et au bas Moyen-Âge a également pu être observée.
Au vu de la densité des vestiges, il semble que les limites du site aient été atteintes à l’est, alors qu’au sud et à l’ouest il est très clair qu’il se poursuit au-delà des limites de la zone fouillée. La présence d’un grand fossé au nord de la fouille ne nous permet pas de nous avancer sur la continuité ou non des vestiges dans cette direction.
Au Néolithique ancien, le site est occupé par de nombreuses fentes et huit inhumations. La présence dans un même espace de ces deux types de structures pose un problème. Est-on dans un contexte d’habitat ou un contexte de nécropole ? Il est difficile de répondre à cette question, les sépultures n’étant pas assez nombreuses pour trancher en faveur d’une nécropole, et le mobilier récolté trop peu nombreux pour pouvoir parler avec certitude de contemporanéité des deux types différents de structures. Seule une extension de la fouille vers le sud pourrait éventuellement permettre de mieux cerner l’occupation de cette période.
Au Néolithique récent (Munzingen), on trouve à nouveau des inhumations. Il s’agit de quatre sépultures en fosses circulaires. Elles sont accompagnées de trois silos contenant des dépôts de différentes natures, dépôts animaux, dépôts céramiques, ou les deux à la fois.
La période protohistorique n’est que très peu représentée sur le site et est, de plus, fort dispersée. En effet, seuls deux silos et une fosse ont pu être rattachés à cette période, ainsi qu’un peu de mobilier résiduel trouvé en petite quantité, notamment dans le fossé 105. Même si ces quelques structures ne nous apprennent pas grand-chose sur la nature de l’occupation à cette époque, il est cependant intéressant de noter qu’elles se répartissent sur l’ensemble de la zone fouillée. Nous sommes peut-être là en présence d’un site totalement détruits par les périodes qui lui ont succédé ou en périphérie du site principal.
Peu de structures peuvent être clairement attribuées à l’époque romaine. Cette période est en effet surtout présente par le biais de mobilier résiduel. Elle est par conséquent difficile à caractériser. Elle se compose de deux puits, de deux possibles caves, d’un petit fossé et de quelques fosses dont la fonction n’a pu être déterminée. La majorité de cette occupation peut être daté du IVe siècle, même si la présence romaine sur le site se fait sentir dès le milieu du Ier siècle. Malheureusement, la forte densité de l’occupation médiévale qui a suivi a probablement détruit une bonne partie des vestiges de l’installation de l’époque romaine.
Le site connaît sa plus grande expansion et sa plus grande densité d’occupation au cours du haut Moyen-Âge, entre la seconde moitié du VIe siècle et le Xe siècle. La première installation, au VIe siècle, est assez réduite. Il s’agit peut-être d’une zone située en périphérie d’un habitat, ou d’un lieu annexe de la production d’un site. A partir de la première moitié du VIIe siècle, l’occupation se densifie et s’organise en deux zones bien distinctes, constituées d’espaces rectangulaires autour desquels se répartissent les fonds de cabanes. On observe également une bipartition de l’espace, à partir de la seconde moitié du VIIe siècle, avec d’un côté l’espace dédié au fonds de cabanes (les deux-tiers ouest du site) et de l’autre celui réservé aux bâtiments de plain-pied (le tiers est). A partir du VIIIe siècle, la densité d’occupation du site tend à diminuer et les structures à se regrouper dans la moitié ouest du site. L’organisation en plusieurs espaces du site se fait moins nette.
Peu de structures peuvent être clairement rattachées au Moyen-Âge central ou au bas Moyen-Âge. Il est difficile, pour cette période, de déterminer si le site est déjà en grande partie abandonné mais conserve cependant une activité sporadique et disséminée entrainant la présence d’un certain nombre de tessons éparpillés ou si le site est encore occupé mais que les occupants ont laissé peu de traces de leur présence à cette période ? Peut-être, à cette époque, l’habitat s’est-il déjà déplacé vers le sud, et la motte castrale, notre site devenant alors uniquement une zone de travail périphérique. Il s’avère en tout cas, qu’à l’époque moderne, malgré la persistance de la motte à proximité, le site n’est plus fréquenté que de manière sporadique. L’habitat s’est totalement déplacé.