La fouille entreprise en 2017 sur le site du Palais de Justice à Vesoul a été l’occasion de fouiller en plein cœur du centre ancien de la ville sur une surface restreinte (190 m2) mais jusqu’à une profondeur de 5 m, ce qui n’avait pas encore été fait, hormis quelques sondages ponctuels sur le site « Cœur de Ville ».
Les premiers niveaux observés sur le site indiquent un milieu humide, situé à proximité d’un cours d’eau, le Durgeon, et alimenté en argile et en éléments organiques au cours de crues régulières. Le site est néanmoins fréquenté aux périodes pré- et protohistoriques. Trois pièces en silex taillé ainsi que quatre tessons roulés évoquent une occupation des lieux à une époque indéterminée de la Préhistoire, voire de la Protohistoire ancienne (Âge du Bronze). Une datation radiocarbone effectuée sur un ensemble de deux trous de poteaux évoque la période de La Tène ou le tout début de l’époque romaine. Du mobilier isolé de la période préhistorique a déjà pu être mis en évidence sur les sites de « La Motte » et de « Cœur de Ville » à Vesoul.
Au-dessus de ces premiers niveaux, la fouille a permis de mettre au jour un petit ensemble bâti en dur daté entre le milieu du ier et l’extrême fin du iie – début du iiie siècle ap. J.-C (fig. 1). Il s’agit certainement d’une habitation et une des pièces était certainement une cuisine au vu du mobilier qui a été mis au jour. Les voies romaines passaient probablement non loin de là, celle reliant Langres à Luxeuil a même pu longer ces constructions, délimitant ainsi un ilot de la cité antique. La céramique mise au jour atteste d’échanges et d’influences entre la région de Vesoul et les cités d’Augst, Avenches et Mandeure.
Après un abandon du site au iiie siècle, une importante succession de niveaux de « terres noires », atteignant jusqu’à 1,50 m, est mise en place (fig. 2). Les premiers niveaux comprennent une grande quantité d’éléments architecturaux épars provenant du démantèlement des niveaux antiques, tandis que la nature des niveaux supérieurs indique un apport sédimentaire volontaire important correspondant sans doute à un niveau d’assainissement.
Le site n’est réinvesti qu’à partir des xiiie-xive siècles (fig. 3). Il est alors très probablement occupé par les Halles dans sa partie ouest dont il ne reste probablement qu’un niveau de sol mal conservé composé de dalles de schistes, tandis que des maisons d’habitations munies de caves s’installent dans la moitié est. Trois murs et un niveau de sol dallé ont pu être rattachés à la mise en place des caves de ces habitations.
L’occupation semble rester stable et ne connaître aucun changement notable, jusqu’à la décision prise dans le courant de la seconde moitié du xviiie siècle de construire sur cette parcelle le Présidial doublé de l’Hôtel de Ville, des Halles et des prisons. Tout est alors rasé pour faire place au nouveau bâtiment public (fig. 4 et 5). Le projet et le chantier connaîtront plusieurs remaniements avant d’aboutir en 1771 au Palais de Justice actuel, qui aura finalement été délesté des Halles et de l’Hôtel de Ville, tous deux reconstruits ailleurs dans la ville de Vesoul. Le bâtiment connaîtra quelques changements mineurs au cours de son histoire pour aboutir finalement au bâtiment tel qu’on le connaît actuellement.