La fouille menée sur la commune de Vendenheim (Bas-Rhin), route de la Wantzenau, préalablement à la construction d’un entrepôt Atlas-Fly a permis la découverte d’un ensemble funéraire mérovingien, constitué de 73 sépultures à inhumation, ainsi qu’un ensemble de structures témoignant de plusieurs occupations au cours de l’époque néolithique et protohistorique (Hallstatt C/D1).
Le décapage exhaustif de la parcelle a permis d’appréhender la majorité des limites de la nécropole excepté dans la partie septentrionale où les tombes semblent se poursuivre au-delà de l’emprise de la fouille. L’ensemble funéraire s’organise d’une manière linéaire selon un axe nord-ouest / sud-est. Les sépultures se répartissent d’une manière assez lâche sur une bande d’environ 125 mètres de long sur 60 mètres de large. Les défunts sont généralement inhumés la tête à l’ouest, excepté dans trois cas pour lesquels le corps était orienté la tête vers l’est. Trois enclos circulaires ont également été identifiés dans la partie méridionale du site, chacun contenant deux tombes (juxtaposées ou superposées). L’utilisation de cet espace funéraire est relativement longue, puisque qu‘elle s’étend sur deux siècles, du début du 6ème à la fin du 7ème siècle (de MA1 à MR3).
Deux dépôts de cheval ont également été mis au jour au sein de la nécropole. Les datations radiocarbones ont pu confirmer pour l’un d’entre eux, une inhumation contemporaine à la période d’utilisation de la nécropole (milieu du 7ème siècle). Ces deux dépôts étaient chacun situés à proximité immédiate de sépultures masculines. Dans une des tombes, des éléments métalliques de harnachements de chevaux étaient déposés dans la chambre funéraire. Les deux individus étaient placés soit sur le flanc, soit sur le ventre avec les jambes repliées. Dans les deux cas, on a pu observer un prélèvement du crâne.
Trois principaux types d’architectures funéraires on été observés au sein de l’ensemble funéraire. Le premier type est composé de fosses non coffrées relativement étroite pouvant être recouvertes d’un système de couverture et possédant uniquement un contenant rigide comme réceptacle au corps du défunt. Le second type, est inédit en Alsace : il s’agit de chambres funéraires dont le coffrage a été réalisé à l’aide de «madriers fendus», sortes de planches appointés, jointives, fichées dans le sol. Ce type d’architecture est systématiquement associé à une inhumation en cercueil monoxyle. Ce type d’architecture est caractéristique du 6ème siècle. Enfin, le troisième type correspond aux chambres funéraires coffrées à l’aide de planches horizontales, pouvant être plaquées contre les parois de la fosse ou distantes de ces dernières et pouvant être munies d’un système de couverture. Dix-huit d’entre elles ont été identifiées comme des chambres de type «Morken» grâce à l’observation d’un coffrage de la fosse, d’un contenant rigide ajusté au corps du défunt et d’une organisation bipartite avec le défunt déposé au nord et une partie du mobilier au sud.
La population inhumée de Vendenheim n’a pu être que partiellement étudiée en raison de la conservation différentielle des squelettes en fonction de leur lieu d’inhumation (la moitié sud était composée d’un substrat sablo-limoneux acide, empêchant la conservation des restes osseux). L’étude du recrutement au sein de l’ensemble funéraire a toutefois permis de mettre en évidence que la composition par âge et par sexe de la population archéologique reflète celle de la population décédée d’origine (pas de recrutement lié à l’âge ou le sexe des individus) malgré la sous représentation des individus de moins d’un an.
Un nombre important des sépultures de l’ensemble funéraire a été pillé (40 % de l’effectif total) au cours de la période d’utilisation de la nécropole. Les sépultures de type Morken, situées au nord et au sud de l’espace funéraire, ont principalement été touchées par le pillage. En revanche, le noyau central, qui concentre l’ensemble des sépultures précoces, a été épargné. L’étude biologique a permis de mettre en évidence des stries et des entailles sur les os provenant assurément de l’acte de pillage en lui-même (prélèvement d’objets sur le défunt, découpe des éléments vestimentaires et/ou des éléments d’armements).
La diversité quantitative et qualitative du mobilier déposé dans les tombes ainsi que celle des architectures funéraires suggère une image sociale relativement variée de la population de Vendenheim. En effet, les associations épées longues/boucliers/fer de lance ou scramasaxes/bouclier/fer de lance chez les hommes et la présence de parures de valeur (fibules ansées en alliage cuivreux, fibules discoïdes cloisonnées de grenat…) chez les femmes, permet de discerner un groupe de personnes aisées. De plus, un petit groupe de personnes privilégiées, dont le mobilier funéraire présente un niveau de richesse exceptionnel (CHRISTLEIN R. 1973, p. 147-179) semble également se distinguer par la présence de parure en or, d’un bassin en alliage cuivreux ou encore d’éléments de harnachement de cheval.