Le village de Tarquimpol (département de la Moselle) est situé en rive sud de l’étang de Lindre, au sein d’une presqu’île, et correspond à l’agglomération gallo-romaine Decempagi, citée dans la Table de Peutinger et l’Itinéraire d’Antonin.
La prescription d’une surveillance archéologique de travaux sur le site de la rue du Théâtre et de la rue de l’Etang répond au projet de réhabilitation d’ouvrages d’assainissement non collectif par l’entreprise Duchanoy TP. Au total, 24 sondages de terrassement ont été archéologiquement documentés, les quatre autres concernés par la prescription ayant fait l’objet d’annulations pour raisons techniques et de sécurité. Cette opération a été conduite en fonction du calendrier des travaux d’assainissement, entre juin et novembre 2017.
Les vestiges gallo-romains observés s’inscrivent dans un intervalle IIe/IIIe siècle qui correspond à l’agglomération de Decempagi au Haut-Empire. Aucun indice d’occupation antérieur n’a été mis au jour, bien que le Ier siècle ait été attesté à l’occasion d’une fouille antérieure. Il est à noter que les vestiges orientés, représentés par des murs et des radiers, présentent des orientations parfaitement cohérentes avec celles déjà reconnues pour cette période.
L’interprétation des vestiges est plus problématique, du fait de l’exiguïté des sondages surveillés, mais certains indices pourraient confirmer l’existence d’un quartier à vocation privée au sud du bourg, et non plus publique comme au nord.
Les résultats obtenus complètent en effet en grande partie les observations du diagnostic archéologique de 2011. De la même manière, les stratigraphies documentées témoignent de la même chronologie d’ensemble :
– des niveaux des IIe-IIIe siècles témoignent d’une élévation des niveaux de circulation, phénomène classique en milieu urbain ;
– un ou plusieurs niveaux de destruction et/ou récupération « scellent » l’occupation du Haut-Empire et caractérisent la transition du Bas-Empire. L’absence de mobilier pour cette période ne permet cependant pas d’en dater précisément les phases successives ;
– le hiatus médiéval peut s’expliquer du fait d’une succession rapide, à l’époque Moderne, de différents niveaux de remblai et rehaussement, qui ont sans doute lourdement impacté les niveaux antérieurs, comme en témoigne ponctuellement le mobilier gallo-romain intrusif qu’ils contiennent. La mise en place de ces remblais modernes, qui élève brusquement le niveau de circulation, est à rapprocher de la mise en place des étangs à partir du XIVe siècle, afin de faire face au risque croissant de débordement, en particulier en cas de fort épisodepluvieux.
Malgré leur morcellement spatial et leur manque de précision en termes de datation, ces observations viennent compléter les données relatives à l’agglomération antique, ainsi que la dynamique stratigraphique de recouvrement de celle-ci.
En effet, la situation urbaine du site de Decempagi fait de la surveillance de travaux, comme du diagnostic archéologique, un outil indispensable à son étude, et les perspectives d’investigation dans le bourg actuel intra muros ne sauraient, comme souvent en milieu urbain, se priver de la méthodologie de la surveillance archéologique de travaux.