La fouille archéologique préventive de Talange ZAC Les Usènes fait suite à un diagnostic réalisé en 2013 et motivé par la création d’une ZAC sur la commune de Talange par la Société d’Équipement du Bassin Lorrain (SEBL).
L’opération de fouille préventive s’échelonne en deux tranches dont la première (3,9 ha) a été réalisée à l’été 2017 et la seconde (0,90 ha) en 2019. Au total, cinq occupations principales, disjointes dans le temps et comprises entre le début du Bronze final et la période de la Seconde Guerre mondiale ont été reconnues.
Une occupation du début du Bronze final est marquée sur le terrain par la présence de six fosses dont deux (des fosses polylobées) ont livré un ensemble céramique assez conséquent. Cependant, aucune organisation n’est réellement perceptible dans l’état actuel de la fouille. Les structures sont très éloignées les unes des autres et sont toutes situées en marge du décapage.
La période du Hallstatt s’avère être l’occupation principale du site de Talange. Une quinzaine de structures peuvent être datées de cette période avec certitude (Hallstatt C) et 13 autres le sont vraisemblablement. Par ailleurs, de nombreuses structures ont livré des tessons de la période protohistorique. Il ne fait aucun doute qu’une bonne partie d’entre elles puisse être associée à cette période. Les structures du premier âge du Fer correspondent à des fosses polylobées, des fosses simples ainsi que des trous de poteaux. Par ailleurs, onze bâtiments sur poteaux ont également été repérés. Le bâtiment le plus important (bât.1) montre un espace au sol de plus de 65 m² et est doté d’un système d’antes. Signalons encore la présence d’alignements de poteaux pouvant être interprétés comme autant de sections d’une ou plusieurs palissade(s). Leur orientation très proche de l’axe des bâtiments plaide en faveur d’un fonctionnement contemporain. D’autres alignements en arc de cercle pourraient également appartenir aux vestiges d’une palissade d’un enclos ovalaire. L’implantation de ces ensembles permet d’appréhender une certaine organisation spatiale. La limite ouest de cette occupation est bien « lisible » puisque quasiment aucune structure du Hallstatt n’est à signaler à l’ouest du décapage.
Une occupation très discrète de la période laténienne (La Tène B/C) est à signaler à Talange. Celle-ci est marquée par la présence de trois structures de combustion de plan rectangulaire aux parois très rubéfiées. Leur comblement, relativement uniforme n’a livré aucun mobilier archéologique datant si ce n’est de nombreux fragments de charbons. La datation radiocarbone de l’un d’eux couvre une période comprise entre La Tène B et La Tène C. Aucun autre élément de cette période n’a été repéré pour l’heure sur le site de Talange.
La période romaine a laissé quelques traces erratiques sur les surfaces fouillées en 2017 et 2019. Elle est matérialisée d’abord par la présence d’un silo et d’une petite fosse très arasée. Ces structures sont cantonnées dans le quart nord-est du terrain. Elles sont sans doute associées à deux sections de fossés parallèles, séparés par une distance d’environ 147 m. Leur nature est identique puisque dans les deux cas, ils présentent un profil en « U » ou en « V à fond plat» profond d’environ 0,60 m. Ces deux structures linéaires pourraient correspondre à des éléments d’un réseau parcellaire antique.
Enfin, plusieurs éléments significatifs et datant de la Seconde Guerre mondiale sont à signaler sur l’ensemble du terrain décapé. Dans la partie nord, les structures correspondent à des fosses ovalaires creusées le long des limites de parcelles d’avant le remembrement des années 1960. Beaucoup d’entre elles contenaient des fragments de métal et parfois des obus ou des douilles d’obus encore entières, ou encore une boite à munition américaine. Dans l’angle sud-ouest du décapage, nous avons également mis à jour des structures d’une toute autre nature mais datant sans aucun doute de la même période : il s’agit d’éléments appartenant à une position de défense antiaérienne. Nous avons ainsi dégagé les fondations de trois tourelles de DCA, celles de deux abris sous-terrain et celles d’un bâtiment correspondant vraisemblablement à un bloc sanitaire, environné d’un système de canalisation relativement complexe. Au vu de l’implantation de ces structures, il est certain qu’elles se poursuivent à l’ouest, dans l’emprise de la prescription qui n’a pas encore été investiguée. Divers éléments de la vie quotidienne des soldats ont été découverts à cette occasion (marmites, casseroles, fragments de chaudières, couteaux, bidon d’essence, pièce de monnaie etc.) dont certains objets estampillés de l’armée américaine.