Le diagnostic d’archéologie préventive a été motivé par la création d’une carrière d’extraction de matériaux sur la commune de Richemont par la Société MATÉRIAUX S.A.S. Des sondages ont été réalisés sous la direction de Sébastien VILLER (I.N.R.A.P.) du 17 septembre 2007 au 24 septembre 2007 et du 26 novembre 2007 ou 03 décembre 2007 sur une superficie de 154 991 m². Le diagnostic a permis de mettre en évidence des vestiges des époques protohistoriques, gallo-romaines et modernes. À la suite de ce diagnostic, une opération de fouille a été prescrite sur deux zones (site 1 – 57 582 0039 et site 2 – 57 582 0017). La fouille de ces sites est échelonnée en plusieurs tranches. Cette notice présente les résultats de la première tranche (site 2), fouille réalisée entre mai et août 2011.
PHASE 1 : nécropole à crémation du Bronze final
La première période d’occupation repérée sur le site de Richemont est matérialisée sur le terrain par la présence de 3 sépultures à incinération. L’étude des objets auxquels ces tombes étaient associées a permis de proposer une datation à une phase moyenne du Bronze final : le Bronze final IIIa. Ces trois structures constituent certainement les ultimes vestiges d’une nécropole plus vaste qui aurait été presque entièrement détruite, à la fois par l’implantation de la carrière mais également par l’érosion due en grande partie à l’exploitation de la zone lors des périodes modernes et contemporaines.
PHASE 2 : habitat du Premier Âge du Fer
La seconde phase est représentée par la période du Premier Âge du Fer. Cette occupation correspond à une implantation de type habitat. Celle-ci est constituée d’un ensemble de 7 bâtiments sur trous de poteau (6, 4 ou 8 TP) regroupés et présentant des modules comparables et des orientations similaires. À proximité des ces constructions, ont été découvertes de grandes fosses polylobées correspondant sans doute à des structures d’extraction de matériaux. Par ailleurs, le mobilier issu du comblement de quelques fosses ou silos, situés dans l’emprise de cette occupation, a permis d’affiner la datation au Hallstatt D1.
PHASE 3 : établissement rural gallo-romain
L’occupation gallo-romaine, quant à elle, se divise en plusieurs horizons distincts. Le premier correspond à des bâtiments en bois relativement mal conservés. Les indices archéologiques relativement indigents n’ont pas permis de caractériser précisément ces vestiges (habitation? dépendance?).
Le second horizon correspond à la construction d’un bâtiment en pierre à galerie et à pavillons d’angle. Il s’agit d’un édifice de 38m x 16.5m (surface au sol : 627 m²). La façade s’ouvrait au sud. À l’avant du bâtiment, deux vastes dépressions ont été mises en évidence. S’agit-il d’espaces assainis pour y mener des activités artisanales ou potagères? L’espace laissé vide entre ces deux dépressions correspond sans doute à un chemin d’accès reliant la villa à un puits. L’ensemble laisse penser à un établissement rural gallo-romain à vocation agricole.
À la fin du IIe. s ou au tout début du IIIe s., le bâtiment est abandonné puis démantelé. Les pierres des murs et les tuiles du toit sont presque entièrement récupérées. À la suite de cet abandon, une occupation discrète persiste jusqu’au IVe s. Celle-ci se manifeste sur le terrain par quelques fosses éparses
PHASE 4 : campement militaire du XVIIIe. s.
Enfin, la dernière phase d’occupation repérée sur cette première tranche de Richemont Devant le Pont est à situer vers le milieu ou la fin du XVIIIe. s. Il s’agit d’une occupation de nature vraisemblablement militaire. Ont été détectés des ensembles de structures légères associées à des foyers (tentes, fond de cabane) ainsi que des puits Les fonds de cabane sont alignées sur plusieurs centaines de mètres. Ce camp est peut-être à mettre en relation avec des manoeuvres militaires d’importances relatées dans les archives départementales et datant des années 1755.