Un projet de construction d’un lotissement d’habitation sur la commune de Merxheim (Haut-Rhin), au lieu-dit « Obere Reben » a nécessité la réalisation préalable d’une opération d’archéologie préventive qui s’est déroulé de mars à juin 2014. Sur une surface de 4500 m², la fouille a permis la mise au jour de nombreux vestiges s’échelonnant du Mésolithique au Premier Moyen-Âge (Fig. 1):
La nécropole de Merxheim est implantée sur une butte dominant le village actuel. Lors de cette fouille, les limites méridionales et orientales de la nécropole ont été appréhendées ainsi qu’une partie de la limite septentrionale. L’ensemble semble se prolonge à l’ouest, sous le village actuel. La nécropole parait s’organiser d’une manière linéaire selon un axe nord-est / sud-ouest. Les sépultures sont principalement installées sur le versant sud de la butte et réparties de manière assez lâche même si quelques alignements (nord-ouest / sud-est) ont pu être observés. Dans une dizaine de cas, les sépultures sont regroupées, occasionnant parfois des recoupements, voire des superpositions.
Les sépultures les plus privilégiées sont alignées sur la ligne de crête (selon un axe nord-est / sud-ouest), au sommet de la butte et trois d’entre elles sont entourées par un enclos fossoyé de forme circulaire, ultime témoignage d’un marquage en surface.
Parmi ces tombes, on soulignera la présence de trois riches sépultures de guerriers, dont l’une d’elles contenait une panoplie complète d’armes (épée longue, scramasaxe, fer de lance, bouclier) et un bassin en alliage cuivreux (Fig. 5), ainsi qu’une sépulture double féminine (Fig. 6). Cette dernière contenait les restes d’une adolescente et d’une femme adulte, inhumées main dans la main. Une de ces femmes portait autour du cou un collier de perles accompagné de deux médaillons en tôle d’or (Fig. 7). L’un deux correspond à un bractéate représentant un visage humain de face, le bras levés vers le ciel, pouvant être interprété comme un Orant.
Parmi les 78 individus mis au jour, l’étude paléobiologique a permis de recenser 48 individus adultes, 14 individus supposés adultes, 4 individus adolescents et 9 individus immatures. 24 d’entre eux étaient de sexe féminin et 30 de sexe masculin (méthode biologique (DSP) et sexe archéologique confondus). Aucun regroupement en fonction de l’âge et/ou du sexe des défunts n’a pu être mis en évidence au sein de cette portion d’ensemble funéraire.
Enfin, notons la présence d’un cas probable de tuberculose observé sur le squelette d’une femme adulte atteinte du mal de Pott et de nombreuses anomalies morphologiques (arrêt de la croissance, asymétrie faciale et mandibulaire, présence de plages de lyse osseuse sur la face exocrânienne du bloc craniofacial…). Bien que la sépulture de cette défunte ait été pillée, une clé en alliage cuivreux (Fig. 7) était encore présente dans la tombe. Ce type d’objet est rare en France, puisqu’il s’agit du troisième exemplaire connu à ce jour. D’autres exemplaires ont toutefois été observés en Allemagne, dans le sud de l’Angleterre et en Europe du Nord. Cette découverte atypique renforce le caractère énigmatique de cet individu.