La fouille de la tranche 2 du site de Marckolsheim Schlettstadterfeld a eu lieu du 5 janvier au 28 avril 2015. Au total, 4 zones ont été décapées, représentant une surface totale cumulée de près de 4 ha.
Les travaux ont permis de mettre au jour des occupations domestiques couvrant l’ensemble de l’Âge du Bronze. Les travaux d’exploitation des données sont encore en cours à l’heure de l’écriture de cette notice, mais plusieurs phases ont d’ores et déjà pu être identifiées : le Bronze ancien, le Bronze moyen, la fin du Bronze final ainsi que le début du Premier Âge du Fer.
La présence d’un grand nombre de plans de bâtiments sur poteaux (35 au total) a autorisé la mise en place d’une typologie. Les édifices les plus anciens (Bronze ancien) correspondent à de longues maisons à 2 nefs et parois doublées. Ils répondent à la définition du type « Eching » mis en place en Allemagne du Sud. Les six exemplaires rencontrés à Marckolsheim (dont 3 plans complets) constituent l’ensemble le plus important mis en évidence en Alsace à ce jour. Par ailleurs, d’autres types de bâtiments ont été observés : des édifices à plans rectangulaires simples à deux nefs, à plan rectangulaire simple à 1 nef ainsi que de nombreux bâtiments de petite dimension (de type grenier), sur 4, 6 ou 8 poteaux.
Un nombre important de puits a également été recensé, 26 au total, correspondant à différents types allant du simple creusement circulaire profond à de grandes structures à profil en entonnoir de plusieurs mètres de diamètre à l’ouverture. Parmi eux, 5 structures ont livré un cuvelage en bois, plus ou moins bien conservés selon les cas (analyses dendrologiques en cours).
L’organisation générale de l’ensemble des structures, la position relative des puits et des fosses à galets chauffés par rapport aux bâtiments d’habitation, permet en outre d’élaborer d’intéressantes hypothèses quant à l’organisation des espaces domestiques durant l’Âge du bronze.
Enfin, le contexte géo-environnemental de ce secteur particulier du Ried de Marckolsheim a également motivé quelques interventions à caractère géomorphologiques. Les incisions de la terrasse de gravier würmienne par plusieurs paléochenaux rhénans ont été appréhendées par le biais de plusieurs coupes stratigraphiques dans le but de déterminer leur dynamique de comblement ainsi que leur chronologie absolue. À cette occasion, de nombreux éléments de bois anciens, non anthropisés (dont plusieurs troncs de pin entiers longs de 10 à 15 m) ont été découvert au fond des chenaux. Les datations radiocarbone obtenus sur ces bois ont permis de dater du Boréal (entre 8000 et 7000 av. J.-C. environ) l’activité des chenaux. Ces premiers résultats ouvrent des perspectives pour l’étude du fonctionnement du Rhin au cours de la première moitié de l’Holocène.
Ces paléochenaux sont déjà inactifs au Bronze ancien. Ils sont entièrement colmatés à cette époque mais la partie supérieure de leur comblement, très riche en matière organique, indique que les dépressions topographiques associée aux chenaux ont connu un épisode palustre prolongé. L’étude géomorphologique s’intéressera aux rapports entre cet ancien milieu humide et les occupations protohistoriques, qui semblent avoir privilégié cette zone pour l’implantation des puits.