Situé sur le ban de la commune de Kolbsheim, le site du « Herrenweg » est implanté sur le versant nord du Knoblochsberg, point culminant du Kochersberg dans ce secteur. Il appartient aux opérations liées au projet du COS et est nommé site 2.6 selon la nomenclature en vigueur. La fouille de 2018 a permis d’investiguer une surface totale de 2,5 ha où des occupations datées des périodes pré-, protohistoriques et romaines ont été mis à jour.
Les vestiges les plus anciens sont matérialisés par un important ensemble de fosses ayant livré d’abondants mobiliers céramiques du Néolithique récent (ensembles mixtes, Michelsberg/Munzingen). L’une des structures a également livré un dépôt particulier constitué de nombreux fragments d’os de capriné en connexion (rachis et bas de pattes). Enfin, nous pouvons mentionner la présence d’un dépôt humain dans une fosse (ou silo) daté quant à lui par analyse radiocarbone.
À cette occupation ancienne succèdent quelques indices de présence humaine lors de la période du Bronze ancien. De cette période nous avons relevé deux tombes (un adulte et un enfant) associées à quelques fosses erratiques. Un bâtiment allongé sur poteau, situé à proximité des deux tombes, pourrait également appartenir à cette occupation bien que pour l’heure aucun indice factuel ne permet de dater de manière sûre.
Après un hiatus de plusieurs siècles se met en place l’occupation prégnante du secteur, au milieu du premier âge du fer (Hallstatt D). Celle-ci est marquée en premier lieu par un ensemble de fosses d’habitat classique, dont la limite nord-est bien perceptible dans le décapage. Cet ensemble se poursuit sans nul au sud, sous l’actuelle D45 ainsi que sur le terrain fouillé au-delà de cette voie (site 2.5, fouille Eveha).
La particularité de l’occupation du Hallstatt réside surtout dans la présence d’un ensemble de fossés tout à fait particulier dont le fonctionnement constitue un unicum pour cette période. Ainsi, l’ensemble est dominé par un segment de fossé rectiligne (profil en V), long de 60 m, d’une largeur comprise entre 1,30 et 1,80 m et accusant une orientation nord-est / sud-ouest. Dans son comblement et à ses abords ont été découvertes au moins 16 inhumations dont les modalités de déposition sont variables. Certains individus étaient déposés directement dans le fossé (déjà en partie comblé), d’autres dans des fosses creusées dans le comblement lui-même, d’autres enfin dans des creusements disposés le long du fossé. Il s’agit dans la plupart des cas d’individus immatures et nous pouvons mentionner la présence d’une sépulture double (un adulte accompagné d’un enfant) déposée dans l’extrémité sud-ouest. Le rare mobilier qui accompagnait certains défunts était composé de parures relativement modestes (perle en ambre, en roche noire, bracelet à tampon en fer). Deux autres fossés (peut-être de même nature) sont à signaler, mais tous deux se poursuivent hors de la zone fouillée, au sud-ouest pour l’un et au sud-est pour l’autre. Chacun d’eux est également associé à une inhumation creusée à proximité immédiate du fossé. Ces trois fossés semblent limiter l’occupation au nord puisqu’aucune fosse du premier âge du Fer n’a été découverte au-delà.
La dernière occupation archéologique repérée sur le site est, là encore, constituée par un ensemble atypique de la période romaine. Il s’agit d’un système de captage d’eau dont un seul exemple est connu en Alsace (à Bernolsheim) : un qânat. Le principe de ce système (originaire du Moyen-Orient) repose sur un conduit en pierre sèche (assez rudimentaire dans le cas qui nous concerne) creusé à une profondeur d’environ 4 à 5 m grâce à une succession linéaire d’une vingtaine de puits régulièrement espacés. Le débouché du canal se fait dans une zone non fouillée à l’est, dans un secteur qui a fait l’objet de découvertes d’époque romaine à l’occasion d’une prospection pédestre.