



Dans le cadre du Contournement Ouest de Strasbourg (COS), des fouilles archéologiques ont été menées sur la commune d’Ittenheim, située dans le Bas-Rhin (Alsace), à 11 km à l’ouest de Strasbourg.
La fouille est localisée au sud de l’agglomération actuelle, au lieu-dit « Achenheimer Berg ». Elle a permis de mettre au jour 96 structures réparties sur une surface de 11 702m², et datées de plusieurs périodes (fig. 1).
Une première petite occupation apparait vraisemblablement au Néolithique, matérialisée par trois fentes longues d’1,50 m à 3,50 m et profondes d’1,20 m à 1,50 m.
Vient ensuite s’implanter la principale occupation d’Ittenheim « Achenheimer Berg », une petite aire d’ensilage protohistorique datée du Hallstatt D2 (530-500 av. J.-C.). Les silos sont au nombre de 25 et sont répartis de manière assez lâche selon une diagonale nord-est / sud-ouest. Ils présentent un diamètre d’environ 1,50 m en surface et un profil piriforme ou tronconique de plus de 0,50 m de profondeur (fig. 2). Certains ont livré du mobilier en grande quantité (céramiques, torchis, éléments de mouture, faune, coquillages, épingles en bronze…) (fig. 3). Un silo a notamment livré un squelette de chèvre quasi complet, déposé au fond de ce dernier (fig. 4). Même si aucun plan de bâtiment n’a pu être mis en évidence, ces structures, ainsi que le mobilier qu’elles renfermaient, indiquent la présence d’un habitat à proximité. Par ailleurs, les couches cendreuses et charbonneuses (vidanges de foyer ?) identifiées dans le comblement de certains silos indiquent une importante activité domestique aux abords de ces structures.
Enfin, deux squelettes humains ont été découverts. Il s’agit d’une part des restes d’un immature (enfant de 6 mois à 1 an) trouvés dans un silo, et d’autre part d’une sépulture mise au jour en périphérie de l’aire d’ensilage, où l’individu, un adulte âgé de 25 à 35 ans, est inhumé sur le dos.
Quelques vestiges des époques modernes et/ou contemporaines ont également été identifiés. Il s’agit exclusivement de structures liées aux pratiques agraires (sillons de labours ? fosses de plantation ?). Enfin, 46 chablis ont pu être identifiés sur toute la surface de fouille, ils témoignent de couverts forestiers naturels et sont probablement issus de périodes variées.
Outre la phase de fouilles archéologiques, ce chantier a fait appel aux sciences dures, par le biais d’analyses géophysiques et géochimiques menées sur le terrain. En effet, deux séries de mesures électriques et magnétiques ont été réalisées avant et après décapage (fig. 5) afin d’élaborer une cartographie du sous-sol qui permette de repérer et imager d’éventuels phénomènes anthropiques difficiles à percevoir sur le terrain. Après décapage et avant le début de la fouille, une campagne de prélèvements phosphates a également été menée sur une surface de 5000m², au sein de l’aire d’ensilage protohistorique (fig. 5), afin d’obtenir une cartographie des concentrations de phosphates présents dans le sol. Le but de cette démarche est d’investiguer l’organisation spatiale du site et ainsi permettre de déterminer des zones d’activités qui n’auraient pas laissé de traces visibles sur le sol.