La fouille menée sur la commune d’Illfurth (Haut Rhin, 68), au lieu dit du « Chemin des Vignerons » en 2022 par les équipes d’ANTEA archéologie, a permis de poursuivre l’exploration de la nécropole mérovingienne qui se développe sur les hauteurs du lieu-dit « Buergelen ». Cette nécropole a déjà été explorée lors de plusieurs opérations d’archéologie préventives et cela dès 2005 (Roth-Zehner et al. 2007 ; Mauduit et al. 2016 et 2018 ; Barrand-Emam et al. à paraître). S’agissant de l’opération de 2022, environ 758 m2 ont ainsi été décapés sur le versant sud d’une éminence comportant à son sommet l’enceinte protohistorique de Britzgyberg. En plus de l’ensemble funéraire du haut Moyen Âge, plusieurs fosses moderne et contemporaine ont été découvertes, dont deux pouvant être interprétées comme des trous d’obus de la Première Guerre Mondiale.
La période du haut Moyen Âge est exclusivement représentée par des sépultures (18 pour cette opération, dont deux hors emprise et donc non fouillée), complétant donc la nécropole de la même période déjà appréhendée sur cette localité. Ses limites sont aujourd’hui appréhendées au nord, à l’est et à l’ouest. Cette dernière campagne avait, entre autres, pour but d’en comprendre sa diffusion au sud-ouest. La limite ouest ne semble pas avoir été observée à ce jour, le maillage des sépultures bien que plus lâche ne laisse pas présager d’arrêt net dans leur implantation, une rupture de pente due à des travaux de voiries modernes en rend difficile la lecture. Les découvertes récentes faites sur le site porte à 266 le nombre total de fosses sépulcrales, 270 le nombre total d’individus et à 35 le nombre total de cercles funéraires fossoyés. Par ces découvertes complémentaires, la nécropole d’Illfurth est la nécropole mérovingienne la plus importante d’Alsace, surpassant donc celle d’Erstein Beim Limersheimerweg (239 sépultures) située dans le Bas-Rhin. Pour cette campagne encore, les pratiques funéraires entourant le dépôt des corps répondent aux pratiques préalablement documentées dans la région pour des ensembles de la même période. On note par exemple, la présence d’enclos funéraire circulaire avec leur tombe centrale unique, mais aussi des aménagements de sépulture sous la forme de coffrage en pierre grossièrement équarrie et assisées. Les tombes et les défunts ont été fortement impactés tant par les occupations suivantes du site que par des bioperturbations (fouisseurs et racines), mais aussi de probables pillages, laissant ainsi peu d’indices taphonomique en place et en rendant difficile leur lecture. En ce qui concerne le mobilier mis au jour dans les sépultures, au total 12 d’entre elles en ont livré. Ce dernier est essentiellement représenté par des objets relatifs à l’armement et aux garnitures de ceintures. Concernant la datation de cet ensemble, le croisement des datations relatives et des datations absolues permet de proposer une mise en place des tombes s’échelonnant durant tout le VIIe siècle. Ainsi, les sépultures de l’opération de 2022 s’intègrent parfaitement aux dates de l’ensemble funéraire. Leur singularité et cependant l’absence de sépultures rattachées aux phases les plus anciennes du site, située entre le dernier tiers du VIe et le tout début du VIIIe siècle (Mauduit et al. 2018, p. 94.).
Un ensemble de fosses de la période moderne à contemporaine est présent sur le site. Il s’agit pour deux d’entre elles (St. 30 et 31), de deux trous d’obus, interprétation faite grâce à la mise en place d’une coupe dans les deux structures ayant permis de documenter la forme en l’entonnoir de la dépression due à la déflagration, mais aussi d’observer la répartition des éclats d’obtus. Le reste des fosses de cette période peuvent être interprétées comme des trous de poteau servant au maintien et calage des vignes et arbres fruitiers ou encore des chablis.