Le site de Houssen – Lotissement Les Acacias fait partie d’un important complexe de La Tène finale qui a fait l’objet de fouilles préventives et de recherches depuis 1994. L’habitat est vaste (reconnu sur 119 892 m²) et début à la fin de La Tène C2, vers 180/170 av. J.-C. Il continue son existence jusqu’à La Tène D2 puis à l’époque augustéenne. Enfin des parcellaires de l’époque romaine, reprenant en partie celui de La Tène finale a également été souligné démontrant la pérennité du réseau viaire de l’époque gauloise à l’époque romaine dans cette région.
Un premier four de potier avait été découvert en 1994 et des rejets avaient été repérés en 2008 puis en 2009. Cette batterie de 6 (peut-être 8) fours étaient donc attendue. Tout comme le four de 1994 et les rejets répertoriés, les fours de Houssen – Lotissement les Acacias datent de La Tène C2-D1a (pour l’instant aucun four ou rejets datés des périodes plus récentes n’ont été mis au jour). Les productions se limitent essentiellement à des écuelles à bord rentrant et des pots sans col servant au stockage accompagnés de quelques bouteilles, tonnelets et bols carénés : une production pour des unités domestiques et utilitaires.
L’analyse d’argile de la fosse 150 a permis de démontrer que cette dernière, mais vraisemblablement aussi les fosses polylobées et irrégulières découvertes au nord-est et à l’est des fours de potier, servaient de glaisière. G. Thierrin-Mickael a démontré par ses analyses archéométriques que la terre récoltée sur le site servait à réaliser les poteries tournées et non tournées fines trouvées dans les rejets des fours. Nul besoin donc d’aller loin pour chercher la matière première nécessaire à la confection des vases, point de vue qui bouleverse en partie les théories admises généralement (carrière d’argile qui n’est pas à proximité de l’atelier, exploitation et distribution de l’argile faisant partie d’un réseau d’échange, etc…).
L’atelier de potier ne se limitait pas aux fours. Nous avons également mis au jour un bâtiment aménagé immédiatement à l’ouest des fours et une série de fosse et trous de poteau qui servaient probablement au travail du potier, mais dont la fonction nous échappe. Quelques-uns auraient pu éventuellement contenir un tour de potier, mais nous n’en avons aucune preuve évidente. Seul un trou de poteau rappelle la forme de ceux découverts dans d’autres ateliers : la fosse-trou de poteau 68a, localisée à proximité de la fosse 150. Mais là aussi la preuve nous manque.
Cet atelier semble se trouver à la périphérie de l’habitat de La Tène finale tel que nous le connaissons aujourd’hui. Nous savons que dans d’autres agglomérations, les fours semblent également se trouver dans l’habitat.
Mais tant que nous ne connaissons pas l’évolution fine des habitats et leur surface réelle à chaque phase, il est difficile de nous prononcer.
L’époque romaine est également représentée par des réseaux de fossés, comme ce que nous avions déjà constaté en 2008. Une partie du parcellaire laténien a figé la campagne dès La Tène D1-D2 et les réseaux viaires romains n’ont fait que suivre l’existant. Ce phénomène se voit particulièrement bien dans la région colmarienne. Le site semble avoir été fréquenté de l’époque augustéenne à la fin du IIe et début du IIIe siècle apr. J.-C.
Enfin n’oublions pas le fragment de lame du Grand-Pressigny découvert dans les rejets de four de potier 1 (st. 53). Cet artefact du Néolithique final témoigne peut-être d’une fréquentation du site à cette période et démontre également les échanges longue distance de cette période. Cet objet a probablement servi d’estèque ou d’outil au potier de La Tène finale qui a pu s’en servir pour polir et lustrer ou pour décorer les céramiques.