L’opération d’archéologie préventive de Florange « La Grande Fin » s’est déroulée entre les mois de juin et de juillet 2010. Une zone de presque 6 000 m2 a été ouverte. Elle recelait essentiellement des vestiges datés de la période gallo-romaine, qui se poursuivent au-delà de l’emprise de fouille.
Dans le cadre de cette opération, une autorisation a été délivrée pour l’emploi d’un détecteur à métaux qui a été utilisé de façon systématique après le décapage mécanique. Les objets trouvés ont été prélevés et géoréférencés.
Les vestiges antérieurs à la période romaine sont rares et anecdotiques. Citons toutefois la découverte d’un petit fragment d’outils lithique du Néolithique et trois fosses probablement de La Tène finale (phase I).
Pour l’époque romaine, trois grandes phases ont été repérées.
Seule la dernière est bien représentée :
L’enchaînement de ces trois phases n’est pas évident ; mais d’après l’étude céramique, il est probable qu’il y ait eu un hiatus entre les phases II et III et que les phases III et IV se succèdent sans discontinuité.
La première phase romaine (phase II) est avant tout présente au travers d’un cellier qui recelait, entre autre, un fragment de meule et de patère en alliage cuivreux et un petit pot complet. Cette structure pourrait être le seul vestige bien identifié d’un édifice, précurseur du grand bâtiment sévérien de la phase IV. Le manque d’éléments ne permet pas de caractériser convenablement cette occupation du Ier siècle. La fin de cette phase est peut-être à mettre en relation avec les couches d’incendies des années 68-70 ap. J.-C. découvertes dans l’agglomération antique de Florange (révolte gallo-germanique ?).
Juste à l’est du cellier, trois bâtiments sur poteaux de bois ont été découverts. Ils ont pu appartenir, soit à la phase II, soit à la phase III. Leur plan n’est pas certain, car ils sont enchevêtrés et les structures ne sont pas assez caractéristiques pour permettre de les isoler avec certitude.
On peut reconnaître :
Du fait de sa position, le premier bâtiment ne peut être contemporain des deux autres.
La deuxième phase romaine (phase III) est visible par le biais d’un niveau de sol et d’un puits. Il s’agit des seules structures que l’on peut rattacher à cette période de manière certaine. Le manque d’éléments ne permet pas d’appréhender correctement cette occupation du IIe siècle.
La troisième phase romaine est, de loin, la mieux représentée (phase IV). L’élément principal de cette occupation est une habitation assez modeste de 22,1 m x 20,3 m. La surface habitable devait être comprise entre 308 m2 et 415 m2 suivant qu’il y ait eu ou non un étage. Le bâti s’assied sur des fondations relativement peu importantes. Les élévations ont pu être constituées de murs bahuts soutenant des élévations en matériaux périssables. La toiture devait être constituée de tuiles romaines. La façade du bâtiment s’ouvrait à l’est. Les bâtiments annexes susceptibles d’appartenir à cette phase sont tous des constructions sur poteaux : un bâtiment rectangulaire à une nef de 7,4 m x 5,7 m et deux ou trois possibles greniers. Parmi les structures mises au jour, on compte également trois foyers et deux puits. On trouve aussi une zone de rejet qui est fondamentale pour l’étude du site. À elle seule, elle a livré 80% de la céramique. Le lot de vaisselle qui y a été découvert a montré le caractère domestique du bâtiment principal. Enfin, la zone est parcourue par un réseau de fossés assez dense. Très peu ont pu être datés. Dans ces conditions, il est très difficile d’appréhender l’étendue et la géométrie du domaine, d’autant plus qu’il se poursuit au-delà des limites de fouille. L’étude de la faune permet d’apporter quelques éléments sur les activités de cet établissement rural : la présence de restes de boeufs âgés et d’un cheval évoque la culture des sols, et les ossements de porc, de caprin et de mouton suggèrent l’élevage. Il n’est pas possible de savoir dans quelle mesure se pratiquait ces activités (production vivrière ou commerciale ?). Il est à noter qu’une partie du bâtiment principal a pu être destinée à abriter des animaux.
Hormis quelques traces des XIXe et XXe siècle, aucun élément postérieur au milieu du IIIe siècle n’a été mis en évidence. Il apparaît qu’il n’y a plus eu d’occupation pérenne dans ce secteur depuis le début du Bas-Empire.