La fouille préalable à la construction d’un lotissement réalisée sur le site d’Éguisheim Unter Teil Vom Herrenweg a livré une succession d’occupations diachroniques de diverses natures implantées sur le piémont vosgien. Les alentours de la commune sont riches en vestiges archéologiques, comme le témoignent les nombreuses découvertes réalisées entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle.
L’occupation la plus ancienne est représentée par deux ensembles stratigraphiques distincts dont un niveau d’occupation non remanié du Paléolithique moyen. L’étude stratigraphique a mis en évidence une succession de paléosols attribuables à l’Éémien, au Début glaciaire et au Pléniglaciaire moyen. Le Pléniglaciaire supérieur est quant à lui moins bien représenté, mais présent. Ces indicateurs attestent d’une occupation longue de ce secteur de piémont à partir d’une phase indéterminé du Saalien.
Durant le Néolithique, le site est fréquenté de façon sporadique à trois reprises. La première, datée du Ve millénaire, est matérialisée par quelques fentes, dont l’une a livré les restes d’un animal en connexion. La seconde, datée du Néolithique récent, a livré quatre silos dont deux présentaient des inhumations féminines simples, installées dans des niveaux de comblement intermédiaires. L’une des défuntes a fait l’objet d’importants prélèvements anatomiques alors que le corps n’était pas totalement décomposé, phénomène déjà observé à maintes reprises dans la région pour cette période. Une dernière sépulture, isolée, est datée du Néolithique final.
Après un hiatus de près de deux millénaires, le site est réinvesti de façon importante lors du premier âge du Fer. Cette occupation, tronquée, se limite au sud de la prescription et devait se poursuivre au-delà, ainsi que vers l’ouest. Les vestiges s’articulent autour d’un fossé important ayant subi de nombreux ruissèlements, et pouvant avoir servi à canaliser les écoulements dus à la pente. Une quantité importante de fosses aux dimensions plus ou moins conséquentes, remployées comme dépotoir, se développaient au sud de l’ouvrage. Celles-ci ont livré un riche assemblage de mobilier céramique et quelques éléments de parure à mettre en lien avec un habitat privilégié dont la durée d’occupation s’étendait, à en juger le matériel, entre la fin du Hallstatt C et le Hallstatt D1.
L’occupation suivante intervient après un long hiatus et correspond aux restes d’un habitat antique qui se serait développé en lanières le long de la voie du piémont, dont le tracé a été découvert à la fin du XIXe siècle, entre la fin du Ier siècle et le IVe siècle. La fouille a touché l’arrière de ces parcelles, ou étaient établis des restes de bâtiments en matériaux légers, deux puits à balanciers, des silos maçonnés et des latrines. Une importante cave maçonné, témoignant de la richesse matérielle de ses propriétaires, a également été mise au jour. Celle-ci devait être surmontée d’une resserre destinées à entreposer du matériel agricole, à en juger les restes d’une charrette tombée dans la cave suite à l’incendie ayant anéanti le bâtiment supérieur.
La période contemporaine est représentée par d’importantes fosses d’extraction de lœss ou de glaise exploitées au XIXe siècle, à mettre en lien avec la tuilerie mécanique située à quelques dizaine de mètres au nord du terrain investigué.