La fouille menée sur la commune de Blodelsheim 2 rue du Château d’eau s’est déroulée du 16 au 23 juin 2022. Elle a permis de mettre au jour un ensemble de huit sépultures à inhumation individuelle primaire datées du haut Moyen Âge (fig. 1). Cette fouille prend place dans un contexte particulier, c’est en effet au cours de travaux visant à construire une piscine aux abords directs d’une habitation sur une propriété privée (détenu par Mr Dzuiba et Mme Kieffer) que deux squelettes sont apparus. La gendarmerie a alors été prévenue, et une équipe a été dépêchée pour investiguer sur cette découverte. Dès lors, un individu a été partiellement dégagé par les techniciens de la gendarmerie, et des os ont été prélevés afin d’estimer le moment d’inhumation du corps. Les ossements ont été identifiés comme étant vieux de plus de 50 ans et ainsi rattachés à une période archéologique, ce qui ne nécessitait pas l’ouverture d’une enquête de gendarmerie. Dès lors la découverte a été signalée au Service Régional de l’Archéologie qui a prescrit une fouille sur l’emprise du projet de construction de la piscine, soit 20 m2.
L’emprise très restreinte du projet n’a pas permis d’observer d’espace vide ou d’éventuelles limites de l’espace funéraire ce qui permet d’envisager qu’il se développe au-delà de la zone investiguée.
La taille de l’implantation réduit les possibilités d’interprétation mais il semblerait tout de même qu’une organisation générale en rangées puisse être observée (fig. 2). Le maillage des tombes est relativement dense et des recoupements ont été documentés, ce qui laisserait à penser que l’emplacement initial de certaines tombes a pu être oublié, à moins qu’il s’agisse d’une volonté de regroupement familial et/ou social. Ces données permettent d’envisager un ensemble funéraire plus vaste et potentiellement densément peuplé. S’agissant des pratiques funéraires, celles-ci sont homogènes pour tous les individus, sans différence de sexe ou d’âge au décès. Ainsi, les défunts se sont tous décomposés en espace maintenu vide par la présence d’un contenant rigide dont la nature n’a pu être déterminée. De plus, le port d’une enveloppe souple au moment du dépôt est à envisager. Conformément aux pratiques funéraires documentées pour la période dans la région, les corps et les structures sont orientés de manière stricte (ouest/est, avec la tête à l’ouest). Sur les huit inhumations documentées, seules deux ont livré du mobilier. Il s’agit de la sépulture d’une femme adulte (figs. 3 et 4) et de celle d’un adolescent de sexe masculin. La tombe de la femme est la plus fournie (fig. 7), avec une boucle de ceinture en fer retrouvé au niveau du bassin, un collier de 48 perles (en pâte de verre, écume de mer, alliage cuivreux et argent) autour du cou (fig. 5), une bague en alliage cuivreux était présente en place autour d’une phalange de main (fig. 6) et deux boucles d’oreilles en argent étaient situées de part et d’autre du crâne. À cela s’ajoute un couteau en fer accompagné d’une série de clous à tête hémisphériques en alliage cuivreux qui ornaient le fourreau découverts entre les tibias. Pour la sépulture de l’adolescent, un couteau en ferétait situé sur le bassin, avec une boucle de ceinture présente au niveau de l’abdomen et une boucle d’oreille en argent contre le côté droit de la mandibule. Cet assemblage de mobilier permet de dater ces tombes au plus tôt au VIIe siècle. À ce jour, les résultats des datations radiocarbones effectuées sur les sépultures Sp. 3, 5 et 6 sont en cours de réalisation (ARTEMIS).