La fouille menée sur la commune de Bavans en 2018 a permis de mettre au jour près de 90 sépultures à inhumation du haut Moyen Âge. À ces dernières s’ajoute une quinzaine de sépultures découvertes dans les années 1920 et 1960, portant le nombre total de tombes à plus d’une centaine sur ce secteur. L’étude de cet ensemble n’est pas encore commencée, les premiers résultats préliminaires présentés ici émanent essentiellement des observations de terrain.
D’un point de vue spatial, les limites nord et ouest de l’ensemble semblent appréhendées (fig.1). La nécropole s’étend encore probablement vers le sud et l’est. Certaines tombes entaillent les vestiges d’un chemin probablement antique, tandis que d’autres semblent être implantées le long de son axe. Il est possible que ce chemin ait été encore perceptible, voire utilisé au début de l’utilisation de l’ensemble funéraire, avant que sa mémoire ne soit perdue, pour être finalement recoupé par les sépultures les plus récentes. Une partie de l’aire funéraire présente une organisation en rangées de tombes orientées est-ouest et assez régulières, au sein desquelles viennent s’intercaler des sépultures, parfois orientées nord-sud, de manière apparemment plus aléatoire. Le phasage chronologique de l’ensemble permettra peut-être de définir si l’implantation de ces sépultures, opportuniste en apparence, est le fruit d’une organisation secondaire et pourquoi pas d’une évolution topochronologique de l’ensemble et, pour les inhumations les plus anciennes, une éventuelle relation avec le chemin évoqué plus haut. L’implantation des sépultures témoigne de zones denses qui s’opposent à des secteurs vides de structures. Au sein de certains groupes de tombes, de probables marqueurs de surface (poteaux ?) ont été détectés. Ces zones de densité, caractérisées notamment par des cas de recoupements et de remplois (plusieurs cas de réductions, un cas de superposition) (fig.2) témoignent d’une utilisation intensive de l’ensemble et de zones d’attractivité. À l’ouest de la zone fouillée, plus d’une vingtaine de sépultures sont implantées selon une orientation nord-sud. Ce groupe de tombes est presque exclusivement situé à l’ouest du chemin supposé antique ou le recoupe.
La nécropole présente une importante diversité d’architectures funéraires (fig.3), au premier rang desquelles de nombreux coffrages en pierres. Ces derniers sont construits en murettes sur les quatre côtés ou en dalles calcaires sur chant sur les quatre côtés. Une très grande majorité des structures possède un fond aménagé de dalles calcaires et d’un système de couverture en dalles parfois imposant. À ces architectures s’ajoutent de probables coffrages en bois calés dans les fosses par des blocs calcaires, ainsi que des fosses anthropomorphes avec une couverture de dalles calcaire.
Un grand nombre d’inhumations n’a pas livré de mobilier. Les objets découverts dans les sépultures masculines, féminines et infantiles sont uniquement des éléments d’habillement, de parure et d’armement : une épée longue, des scramasaxes, des couteaux, des fibules et chainettes en bronze, des bagues, plusieurs garnitures de ceintures, deux colliers de perles en pâte de verre et ambre, un fragment de tabletterie (bois de cerf gravé de décors figuratifs) (fig.4).
Ce mobilier place l’utilisation d’une partie de l’ensemble funéraire entre le dernier tiers du VIe siècle et le milieu du VIIIe siècle. Il est possible que l’utilisation de l’ensemble funéraire se poursuive au-delà du VIIIe siècle. À ce titre, parmi les inhumations orientées nord-sud déjà évoquées, un petit groupe se distingue particulièrement : il s’agit de fosses sépulcrales anthropomorphes dotées d’une logette céphalique. Ce type de fosse n’est pas fréquent dans la région. Dans d’autres régions où elles sont plus fréquemment mises en évidence, les fosses anthropomorphes sont volontiers rattachées aux périodes postérieures au Xe siècle. Cette hypothèse peut d’ores et déjà être étayée par l’absence de mobilier dans ces sépultures, indigence caractéristique des inhumations postérieures au VIIe siècle (et supposées chrétiennes). Des datations radiocarbones sont prévues afin de vérifier cette hypothèse et de déterminer si l’occupation de la nécropole est continue entre le VIe siècle et les périodes plus récentes.