L’enceinte en pierres sèches du château fort du Bernstein (Dambach-la-Ville)

Publié le 26/05/2015
À l’initiative du responsable d’opération, une demande de sondage programmé a été déposée en janvier 2015 auprès du Service Régional de l’Archéologie d’Alsace, portant sur l’enceinte en pierres sèches du château fort du Bernstein (67).

(vue aérienne du château fort)

À l’initiative du responsable d’opération, une demande de sondage programmé a été déposée en janvier 2015 auprès du Service Régional de l’Archéologie d’Alsace, portant sur l’enceinte en pierres sèches du château fort du Bernstein (commune de Dambach-la-Ville, Bas-Rhin). Cette dernière a été validée par le SRA, et l’opération a bénéficié d’un soutien logistique et technique d’Antea Archéologie, d’une subvention de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Alsace ainsi que de renforts de la part des bénévoles de l’association « Les Amis du Bernstein ».

Le château est cité dans les textes pour la première fois avant 1180. Il appartient aux Comtes d’Eguisheim-Metz-Dabo au XIIe siècle, puis à Ferry II Duc de Lorraine en 1206. Il est assiégé par l’évêque de Strasbourg en 1227, et servira de siège à un bailli épiscopal durant tout le XIIIe siècle. Pris par les Strasbourgeois en 1421, il sera ruiné pendant la guerre de Trente Ans et démantelé en 1789.

L’enceinte en pierres sèches se situe au nord, au pied du rocher sur lequel se positionne le château fort. Elle est de forme ovoïde, ses extrémités ne sont pas connues, mais elle semble s’appuyer contre le rocher. Le mur est constitué de blocs de granite empilés, de formes et de tailles irrégulières, en deux parements qui maintiennent un blocage de matériaux granitiques de petite taille. Sa longueur est estimée à 120 m, sa largeur maximum étant de 1,50 m. La surface qu’il semble englober est d’environ 1800 m². S’il est encore conservé sur plus d’un mètre à son extrémité est, il n’affleure que de quelques centimètres sur certains tronçons au nord.

Cette partie du château n’a jamais fait l’objet d’une étude archéologique et sa datation est incertaine. Considéré comme « préhistorique » en 1970, il semblerait qu’il puisse en fait s’agir d’une enceinte datée des IXe-XIe siècles. D’autres ouvrages de ce type existent en Alsace (Krueth/Linsenrain à Wettolsheim, Petit-Ringelsberg à Ottrot), mais sont très peu documentés. Le but de ce sondage était donc d’apporter de nouvelles données sur ces formes « primitives » de château des IXe-XIe siècles, encore peu connues dans la région.

L’opération a été réalisée entre le 4 et le 11 mai 2015. Quatre tranchées de sondage ont été ouvertes. La première, située au pied du rocher, à l’aplomb du haut château, a mis en évidence la présence d’un niveau de remblai provenant de ce dernier, constitué de fragments de tuiles et de briques et de nodules de mortier de chaux. Ce dernier était surmonté d’un niveau de limon brun ayant livré un des fragments de céramiques et de carreaux de poêle datés des XVe-XVIe siècles, des restes de faunes, mais également deux carreaux d’arbalètes, trois boucles de ceintures, deux fers à cheval, mais aussi deux scories de fer. Les trois tranchées réalisées de part et d’autre du mur en pierres sèches ont mis en évidence un niveau de conservation du mur relativement faible, puisque seule une assise a été dégagée sous le niveau de circulation actuel. Très peu de mobilier y a été récolté, et les quelques tessons de céramiques retrouvés ne semblent pas suffisants pour indiquer une datation du mur aux IXe-XIe siècles. Des datations radiocarbones seront réalisées sur les ossements animaux recueillis afin d’essayer de dater les niveaux stratigraphiques se situant sous le mur.

(vue du mur en pierres sèches dans la tranchée 4)

L’opération n’a donc pas permis d’attribuer clairement cette enceinte à une construction des IXe-XIe siècles ou à un état antérieur au château fort encore visible. Il n’est donc pas exclu qu’il s’agisse en fait d’une construction contemporaine du château du XIIIe siècle. L’étude en cours et les datations radiocarbones prévues devraient donc permettre de préciser ces interprétations.

Équipe de fouille :
Thomas FISCHBACH (responsable d’opération ; Antea Archéologie)
Loïc BOURY (archéologue ; Antea Archéologie)
Guillaume DOURY (archéologue ; étudiant Master 2 Université de Strasbourg)