La dame de Kembs

Publié le 23/10/2023
Des nouvelles de l’avancée des recherches

La fouille réalisée à l’été 2021 dans le cadre des travaux d’extension du camping de Kembs (Haut-Rhin) a livré, entre autre, une sépulture féminine privilégiée du début du Ve siècle, intégrée à l’importante nécropole tardo-antique reconnue durant l’opération.

Si l’étude ostéologique du squelette n’a pas permis de définir le sexe de cet individu en raison d’une très mauvaise conservation des éléments osseux, les éléments de parure qui l’accompagnaient ne laissent planer aucun doute quant au fait qu’il s’agissait bien d’une femme !

Celle-ci était inhumée dans un coffrage en bois disparu mais identifiable grâce aux traces ligneuses, encore observables dans les sédiments, dessinant un rectangle de couleur noire au centre de la fosse sépulcrale. Cette inhumation faisait partie d’un groupe privilégié constitué de membres des élites romaines et germaniques enterrés dans les restes d’un bâtiment démantelé dont les arases faisaient office d’enclos et était contemporaine de l’exceptionnelle église en bois édifiée à l’est de cet ensemble, vestige d’une première communauté chrétienne établie à Kembs et à l’heure actuelle, de la plus ancienne église reconnue en Alsace.

La femme était enterrée avec ses vêtements, comme l’attestent la position contrainte des ossements et de nombreux bijoux, dans la tradition des inhumations habillées en cercueil germaniques, qui se généralisent à partir de la période mérovingienne ; elle était également dotée d’une coupe en céramique sigillée, déposée entre ses jambes. Celle-ci portait les traces de mutilations volontaires, illustrées par une perforation partielle au niveau de sa paroi externe et l’enlèvement d’une partie du pied du récipient. Cette pratique, que l’on rencontre généralement en contextes funéraire ou rituel, visait à rendre l’objet impropre à sa fonction originelle et à le transformer en offrande consacrée.

La parure de la défunte était constituée d’un nombre important de bijoux en métal précieux et en perles. Les premiers ont fait l’objet d’un nettoyage et d’une restauration par la restauratrice Clotilde Proust (Archéo-CR, https ://fr.linkedin.com/in/clotilde-proust-archeocr) et ont réintégré nos locaux afin d’être étudiés. Cet assemblage était constitué d’une paire de boucles d’oreilles en or, d’une fibule en argent à décor incisé, d’une chaîne en maille souple agrémentée en argent agrémentée d’un pendentif du même métal en forme de bretzel, de deux bracelets à tampons en argent, un bracelet torsadé en alliage cuivreux, un anneau à décor incisé en alliage cuivreux, trois bagues en argent dont deux serties de cristal de roche et l’une présentant un décor gravé représentant un volatile, un cure oreille et ongle en argent, un sautoir en perles de verres, d’ambre et de corail et un bracelet en ambre.

 

 

L’étude de ces mobiliers ainsi que celle de la population inhumée, déjà largement entamée depuis la fin de la fouille, permettront de compléter et de finaliser d’ici 2024 le rapport de cette opération de fouille majeure.