Dans la peau d’un archéo ou le témoignage de Clément à l’issue de son second stage

Publié le 08/06/2022
Découvrez le témoignage d'un stagiaire accueilli par Antea-Archéologie lors de la fouille d'une nécropole mérovingienne !

« En janvier 2021, j’ai eu la chance de faire mon stage de troisième dans les locaux d’ANTEA Archéologie. J’y avais découvert le travail d’études et de recherches des différentes spécialités de l’archéologie préventive. J’ai réitéré l’expérience en effectuant un deuxième stage la semaine dernière (du 30.05 au 03.06.2022). J’ai pu profiter d’un chantier en cours (fouille d’une nécropole mérovingienne) pour passer trois jours sur le terrain et deux jours au bureau pour le traitement post-fouille du chantier. J’ai ainsi vécu une semaine dans la peau d’un archéologue.

J’ai pu découvrir la vie sur un chantier de fouilles et manipuler le matériel spécifique. Une « base de vie » en préfabriqué est installée à l’entrée du chantier avec une baraque faisant office de vestiaire et des toilettes sèches. Un groupe électrogène permet d’alimenter les quelques outils électriques si nécessaire. Le métier d’archéologue requiert beaucoup de patience et de minutie. Le travail sur un chantier de fouilles est relativement physique et les conditions sont parfois difficiles : poussière, soleil de plomb, positions de travail contraignantes (les genoux, en particulier, souffrent !), etc. À cela s’ajoutent l’incertitude des conditions météorologiques, et la crainte d’éventuelles « visites » mal intentionnées sur le site.

Les fouilles se déroulent de manière construite, étape par étape, avec des photos, dessins et photos aériennes (drone) permettant de « fixer » chaque étape de la fouille. On étudie d’abord les couches géologiques, afin de distinguer les périodes ; mon dessin devait bien tenir compte de l’échelle pour représenter l’épaisseur de chaque couche et ainsi figurer les différentes périodes. Le terrain est ensuite préparé (retrait des racines, balayage de la terre) pour être survolé par drone ; cette étape permet de localiser des structures grâce aux différences de couleurs mises en évidence. J’ai pu participer à la fouille d’une sépulture : mise au jour progressive d’un squelette (retrait de la terre avec des pinceaux, de petites truelles, des outils de dentisterie), découverte d’éléments de mobilier (ensemble de ceinture, éperon, peigne). Le squelette ainsi dévoilé est pris en photo et les os sont extraits de la fosse par segments anatomiques (bras gauche, bras droit, crâne…), chaque segment étant isolé dans un sachet et identifié grâce à un numéro propre.

Les os sont ensuite amenés dans les locaux de l’entreprise pour y être nettoyés et étudiés. Chaque sachet contenant un segment anatomique est traité séparément. Pour nettoyer les os, j’ai utilisé une brosse à dents et de l’eau. Chaque os est mis à sécher à l’air libre dans des cagettes prévues à cet effet. Une fois secs, les os d’un même segment anatomique sont conditionnés dans des sachets numérotés, répondant à une codification propre (réf. chantier, réf. structure, réf. anatomique). Après le nettoyage, les archéologues procèdent à l’étude des os : cause probable de la mort, présence de fractures ou blessures, détermination du sexe et de l’âge de l’individu. La manipulation d’os humains n’est pas anodine et les émotions ressenties ont été très fortes pour moi : j’ai eu l’impression de m’immiscer dans la vie et la mort d’une personne. Néanmoins, l’importance que l’on accorde à l’étude de leur sépulture leur redonne une certaine forme de postérité.

Cette expérience sur un terrain de fouilles m’a permis de conforter mon choix d’orientation professionnelle et je remercie vivement ANTEA Archéologie de m’avoir donné cette opportunité. Je remercie également toute l’équipe, qui m’a accueilli à bras ouverts, s’est montrée disponible pour répondre à toutes mes questions et m’a fait confiance pour réaliser des tâches en totale autonomie. »