Cinquième campagne de fouille de la nécropole d’Illfurth

Publié le 04/07/2022
Découvrez la fouille préventive menée par Antea-Archéologie à Illfurth.

(fig 1: vue au drône de la premiere fenetre de fouille – crédit: L. Boury)

Une fouille préventive a été réalisée par les archéologues d’ANTEA-Archéologie à Illfurth, chemin des vignerons de mai à juin dernier, préalablement à la construction d’une habitation individuelle.

Cette opération prend place dans un contexte archéologique riche et pour lequel l’occupation funéraire est déjà bien connue. Dès 2005, une importante nécropole de l’époque mérovingienne avait été mise au jour. Depuis différentes campagnes de fouilles menées par les équipes d’ANTEA-Archéologie se sont succédées. La présente opération a permis d’explorer la périphérie ouest de ce vaste ensemble funéraire mais ne nous a pas encore permis d’en cerner la limite occidentale.

Cette fouille a livré un ensemble de 18 sépultures, deux segments d’enclos funéraire (fig.1), deux structures en rapport avec la 2nde guerre mondiale et un ensemble de structures modernes (comme des ancrages de piquets de vignes ou encore une borne moderne), ce qui porte à 266 le nombre de fosses sépulcrales (pour 270 individus). La nécropole du Buergelen à Illfurth devient ainsi la plus importante d’Alsace devant celle d’Erstein Beim Limmersheimerweg située dans le Bas-Rhin (259 tombes).

Pour ce qui est des aménagements des tombes, quatre coffrages en pierre ont pu être documentés (fig.2), ceux-ci sont constitués de pierres calcaire grossièrement équarries et assisées, probablement jointoyées à la terre. Ces coffrages n’étaient pas recouverts par des éléments en pierre tout comme le fond des creusements, qui ne comportaient pas d’aménagements en matière pérenne.

(fig 2: exemple de coffrage en pierre, sépulture St. 13 – crédit: A. Pichot)

Concernant le mobilier funéraire présent au sein des sépultures, seules cinq d’entre elles en ont livré. Pour certaines tombes, l’absence de mobilier est certainement due à des actes de pillages possiblement contemporains de l’utilisation de la nécropole, observés pour au moins quatre tombes. Sont notamment présents dans les tombes, des scramasaxes (fig.3 et 4), des peignes en matière dure animale (fig.5, 6 et 7), des poignards, une probable lame de tisserand et un éperon porté à la cheville du défunt et pour lequel le système de fixation était encore conservé autour du pied.

(fig 3: photo zénithale de la tombe St. 11 – crédit: L. Boury)

(fig 4: scramasaxe de la tombe St. 11 – crédit: M. Bolou)

(fig 5: photo zénithale de la tombe St. 02 – crédit: L. Boury)

(fig 6: peigne en os de la tombe St. 02 – crédit: M. Bolou)

(fig 7: éperon de la tombe St. 02 – crédit: M. Bolou)

Le mobilier présent dans les tombes et les architectures funéraires observées lors de cette 5ème campagne de fouille tendent à confirmer la contemporanéité des tombes de ce secteur avec le reste de la nécropole. Les datations radiocarbone à venir nous permettrons de le certifier et de l’affiner.

L’étude à venir de ce nouveau secteur de la nécropole du Buergelen, nous permettra d’affiner les études menées sur les pratiques funéraires comme sur le recrutement de la population. En effet, il sera notamment intéressant de voir si les données biologiques issues des études des restes osseux sont homogènes par rapport à la population déjà étudiée, et si la population inhumée dans la nécropole est bien représentative de l’entièreté d’une population (hommes, femmes et enfants de toutes les classes d’âges).